Dans des yeux clos, il n'entre pas de mouche
Gaspar Willmann
Exo Exo, Paris
May 12 – June 11, 2022
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Dans des yeux clos, il n'entre pas de mouche, 2022
Exo Exo, Paris
Dans des yeux clos, il n'entre pas de mouche, 2022
Exo Exo, Paris
Dans des yeux clos, il n'entre pas de mouche, 2022
Exo Exo, Paris
Gaspar Willmann,
6038 (1) & a few mistakes, 2022
Inkjet print and oil on canvas
121 x 82 cm
Inquire
Gaspar Willmann,
6038 (2) & a few mistakes, 2022
Inkjet print and oil on canvas
121 x 82 cm
Inquire
Gaspar Willmann,
JUMAP (lauern), 2022
Inkjet print and oil on canvas mounted on wood
23 x 15 cm
Inquire
Gaspar Willmann,
De trop voir, mes yeux se sont fermés, 2022
HD Video, sound
14' 03''
Inquire
Gaspar Willmann,
De trop voir, mes yeux se sont fermés, 2022
HD Video, sound
14' 03''
Inquire
IDGAF
Je ne sais pas ce qui a pu changer depuis hier, mais je me réveille différent, d’une humeur transformée, tellement bien, tellement mal, comme si mes émotions avaient muté durant la nuit, excitées par un rêve ou malmenées par l’insouciance, mes yeux collent et ma bouche est sèche, et avant d’avoir eu le courage d’avaler une gorgée d’eau, avant même d’avoir pris le risque d’une première clope, je me jette sur mon téléphone encore que ma vision soit troublée, officiellement pour vérifier l’heure, en vérité pour réguler mon état au rythme des choses, je laisse la front cam me reconnaître avec difficulté puis plonge dans le bain des histoires du monde, je me rassure à la seconde où je me rappelle que ce ne sont que les histoires de mon monde, les artifices se succèdent, ça ressemble au choix au désir ou au dépit, j’ai l’impression que mes neurones épousent doucement la logique d’un algorithme imparable, qu’ils en acceptent l’ergonomie et en récitent le code par coeur à l’instant où je susurre un hello world, l’anesthésie fonctionne à merveille, c’est parfait, je me sens si bien, je me sens si mal, IDGAF, je réponds aux textos, je supprime les spams et je checke les news, c’est en ordre, il ose twerker sur une plage mexicaine après avoir appelé à la révolte, iel déclame ses sentiments sans avoir pris la peine de me les partager, je crois qu’on s’adresse à moi en voyant des dog whistlings partout avant de réfréner mes pulsions paranoïaques, c’est ok, Marie ne fait que de belles choses, Masa ne dit que des bêtises, la drogue et les images s’enchaînent pourvu qu’elles soient de synthèse, un poème déprimé d’Ossian préfigure une pétition virale, IDGAF, je me souviens que Gaspar m’a appris l’existence du terme hyposcenium pour définir l’espace situé sous la scène des théâtres antiques et je crois y voir une interprétation mythologique du multiverse, je poursuis le doomscrolling en hésitant à me faire passer pour Satoshi Nakamoto ou à t’avouer que je suis amoureux, j’ai envie de commencer une partie de billard en ligne mais IDGAF, je me rappelle des théories de Yarbus et du I, etcetera mais IDGAF, je me laisse bercer par des filtres bleus, des filtres chiens, des filtres chiants, IDGAF, ça a fait la fête jusqu’à pas d’heure et ça s’insurge face à des conflits passagers, on échange des références pas banales puis on m’invite chez Exo Exo, j’ai déjà-vu ce truc-là, je vous reconnais, ça y est, je me sens si bien, je me sens si mal, IDGAF, je me souviens que les glitchs peuvent être provoqués et je me prends à rêver d’un attentat miniature, je trolle chaque
publication et répète à tout va que, oui, vraiment, c’est bon, IDGAF, le vent qui frappe ma fenêtre ne m’a jamais paru aussi virtuel, je suis loin sous la surface, loin de la matière, peu importe, l’air ne manque pas et le soleil n’a plus d’importance, le réel est une application.
– Théo Casciani