What Are You Going To Do If They Don't Believe You
Andrés Ramirez

curated by Clara Guislain
Exo Exo, Paris
March 14 - March 20, 2015

press release


Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, ..rearing dark purple grenades, 2013
Inkjet print on Ottoma fabric on aluminium stretcher
Vapor .. growing lily's crown, 2015
Silkscreen print on glass

Andrés Ramirez, ..rearing dark purple grenades (detail), 2013
Inkjet print on Ottoma fabric on aluminium stretcher
Vapor .. growing lily's crown (detail), 2015
Silkscreen print on glass

Andrés Ramirez, Vapor .. growing lily's crown (detail), 2015
Silkscreen print on glass

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, She lies in the water singing songs, as if unaware of her danger, 2015
Resin, pigments

Andrés Ramirez, She lies in the water singing songs, as if unaware of her danger, detail, 2015
Resin, pigments

Andrés Ramirez, To keep the darkness sealed within / first vision, 2014
Digital print and silkscreen print on plexiglas, aluminium, steel, paint
140 x 190 cm

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Andrés Ramirez, What Are You Going To Do If They Don't Believe You, 2015
Exhibition view, Exo Exo, Paris


Géométrie des souffles amnésiques

Les dispositifs d'Andrés Ramirez veillent sur leurs axes de maintient comme on donne une forme à l'inquiétude, pour la soutenir, la tolérer, l'abstraire. Ce sont des formules d'attente, d'abandon, des poches de temps avant l'instant d'une lésion irréversible.
Ce battement, qui puiserait dans la réserve des suspens esthétiques l'énergie irradiée des non-sens interdits, est ce que Merleau-Ponty appelle « le trafic occulte de la métaphore ». Dans ce trafic, les symboles et les images sont comme brûlés par leur propre puissance. Ne trouvant pas à s'extérioriser dans le commerce sémantique, ils nous touchent avec la violence d'un projectile.

Cette recherche peut être conçue comme un ouvrage de délimitation, visant l'analyse des signaux, des symboles, des objets et des images techniques. Elle interroge leurs contextes de fabrication, leur formation et leurs déformations. Prises comme ensemble, les formes esthétiques utilisées constituent un lexique sans pourtant atteindre un ordre systématique. Simondon appelle cet écart, qui fait que l'objet technique n'est pas tout à fait transparent à l'analyse, un « résidu d'abstraction ». C'est à partir de cette imperfection irréalisante que l'homme peut reconduire le mouvement d'invention, de perfectionnement. Dans le travail d'Andrès Ramirez, ce suspens est aussi une mystique ou une mélancolie, « un tiers esprit ». L'objet porte encore les stigmates de sa fonction, de son ordre de puissance et d'efficience, de sa place dans le système productif et symbolique, mais sans s'identifier à eux. Il s'agit non pas d'entrer dans une logique d'appropriation des signes mais de prolonger et de dévier l'énergie de leur imperfection constitutive.

Dans leur schématisme défensif et anthropomorphique, et leur stratégie d'occultation, les œuvres d'Andrés Ramirez parlent du corps, d'une relation au champ perceptif toujours légèrement désaxée, hypertrophiée ou, au contraire, atrophiée. Leur énigme tient de l'impossibilité de déterminer qui du phénomène du regard ou de la réalité matérielle se trouve altéré : ce qui fait liaison et ce qui fait lésion, ce qui menace, aime, arrive trop tard.
De cette ellipse, ou cataclysme, naissent comme deux blocs qui, ne pouvant se rencontrer de l'intérieur, se remplir, se reproduire, ne cessent de se chercher par leurs bords, par leurs angles et leurs trouées. Bords à bords, pointes contre pointes, ils forment un circuit où les corps, les images, les mots, les couleurs, les matières s'accordent à travers la pression de leur retards mutuels. Cette dynamique fournit le négatif, la mesure suffisante et pourtant injustifiable, permettant de sauver l'hypothèse d'un monde. Ce monde n'est pas mutique, n'est pas sourd, n'est pas béant parce qu'on l'a fait taire, parce qu'on le blesse, mais parce qu'il a choisi d'organiser sa propre défaillance contre toutes les raisons d'être. Cette attitude constructive est le plein exercice d'une capacité négative.

L'hypermodernité pourrait reposer sur la libération de l'énergie, une sorte de phase synesthésique de compression de toutes les coordonnées temporelles et spatiales. En toute logique, selon un principe de thermodynamique, elle se manifeste comme entropie. Dans les circuits d'Andrés Ramirez, l'affleurement de la catastrophe, de la surchauffe, de l'accident met en évidence l'identité fondamentale de la violence et de la communication. Le couplage liaison-lésion, l'insistance sur les articulations et les charnières aboutissent à un retournement : l'assemblage et la combinatoire compensent autant qu'ils figurent un agencement irrémédiablement déficitaire. L'objet et à travers lui le corps, ne doit son unité qu'à l'écart avec l'image de sa décomposition.

Les formes cryptées qui habitent la géométrie anguleuse des cadres ou des murs qu'ils viennent comme re-fendre une seconde fois, non pas selon une ligne droite, mais une ligne vrillée, enroulée, irrégulière, baroque ne sont en rien les ruines d'un rêve ancien. Ils sont comme l'épiphanie du symbole, révélant que c'est justement l'absence d'un signifiant adéquat qui précipite l'acte de composition.
L'inflexion allégorique donnée aux formes et aux mots est comme une nouvelle fonction respiratoire. Lueur toxique d'espoir, elle dessine une ligne de frayage au milieu de l'organisation du désastre. Ce n'est pas du tout un virus, car ceux-ci ne peuvent se développer qu'à l'intérieur de systèmes fonctionnels. Ce souffle qui traverse les fentes et les conduits, cette rumeur qui plane dans l'espace, ce bruit, ce « tiers », qui pourrait tout autant prendre la forme d'une altérité monstrueuse, prouve qu'un signal, même très altéré, meurtri, permet encore d'établir, à défaut d'une communication, un contact.

Clara Guislain