Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion
Thomas Cap de Ville, Antoine Catala, Matthieu Haberard, Cyril Magnier, Lisa Signorini

curated by Exo Exo

Galerie Hussenot, Paris
June 18 – July 25, 2020

press release


Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Antoine Catala, Dandelions on a Sunday (-+), 2020
Dye sublimation on polyester, batting, wood. 30 x 30 x 6 in / 76.20 x 76.20 x 15.24 cm

Antoine Catala, Dandelions on a Sunday (-+), 2020
Dye sublimation on polyester, batting, wood. 30 x 30 x 6 in / 76.20 x 76.20 x 15.24 cm

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, detail, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, detail, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, detail, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, detail, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, detail, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, detail, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Thomas Cap de Ville, Farewell Youth, detail, 2015-2020
Mixed media. Dimensions variable

Cyril Magnier, Sans titre, 2019
Resin, foam, clay, wood, paint. 270 x 200 x 165 cm

Cyril Magnier, Sans titre, 2019
Resin, foam, clay, wood, paint. 270 x 200 x 165 cm

Cyril Magnier, Sans titre, 2019
Resin, foam, clay, wood, paint. 270 x 200 x 165 cm

Cyril Magnier, Sans titre, detail, 2019
Resin, foam, clay, wood, paint. 270 x 200 x 165 cm

Cyril Magnier, Sans titre, detail, 2019
Resin, foam, clay, wood, paint. 270 x 200 x 165 cm

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Antoine Catala, City at Night (+-), 2020
Dye sublimation on polyester, batting, wood. 30 x 30 x 6 in / 76.20 x 76.20 x 15.24 cm

Antoine Catala, City at Night (+-), 2020
Dye sublimation on polyester, batting, wood. 30 x 30 x 6 in / 76.20 x 76.20 x 15.24 cm

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Matthieu Haberard, Mon frère le serpent, 2020
Wood, forex, acrylic. Dimensions variable

Matthieu Haberard, Mon frère le serpent, detail, 2020
Wood, forex, acrylic. Dimensions variable

Matthieu Haberard, Le dernier rang, 2020
Wood, ballpoint pen, copper, acrylic. 300 x 75 x 45 cm

Matthieu Haberard, Le dernier rang, 2020
Wood, ballpoint pen, copper, acrylic. 300 x 75 x 45 cm

Matthieu Haberard, Le dernier rang, detail, 2020
Wood, ballpoint pen, copper, acrylic. 300 x 75 x 45 cm

Thomas Cap de Ville, Frère, 2018
Digital video. 2 min 55 sec

Lisa Signorini, Stress subi, 2019
Graphite on paper. 77 x 57 cm / 30 x 22,5 in

Lisa Signorini, Insomnia (sleeping in bed with all your favorite objects), 2019
Graphite on paper. 57 x 77 cm / 22,5 x 30 in

Piégé.e.s inextricablement dans la formulation d'une émotion, 2020
Exhibition view, Galerie Hussenot, Paris

Cyril Magnier, Tssss, Arrrgh, Ouuuch, 2018
From the serie “2015, My Lovely Second Virtual Girl, Frozen and Despressed, Starting to cry, Ruining her make-up, Only Going along with the light of a synthetic sunset, and I thought then : Inextricably trapped inside the formulation of a emotional response.”
Random loop animations in Full HD. 8 times 50 sec



« Être du côté de la norme devrait être considéré comme une violence qui coupe du reste du monde et blesse »
Martin Page

Quand on est sorti de l’atelier de Cyril, haut perché dans un immeuble de Pantin, j’ai eu l’impression d’avoir soudainement partagé avec un inconnu 45 min de son intimité profonde. Sans doute est-ce le propre de la rencontre, mais il y a quelque chose chez cet artiste qui se donne brutalement, naïvement. Piégées inextricablement dans la formulation d’une émotion est un extrait abrégé du titre de sa vidéo présentée dans l’exposition : une micro-fiction où s’anime un personnage, fille, femme, homme ou garçon, coincé dans une tentative d’expression de colère ou de tristesse. Sur son visage, un flot inexorable de larmes se répète en boucle comme une émotion surdimensionnée qui peine à se formuler.

Notre projet parle de la difficulté affective. Ne rien dire ou trop en dire, se lier à l’autre dans le réel ou dans le fantasme, répondre émotionnellement, abandonner ou ne pas arriver à (se)quitter. Les personnages de Lisa se débattent dans ces échanges dans ses dessins comme dans sa vie. Son travail est toujours rattrapé par une adolescence jamais laissée derrière elle et une voracité amoureuse et érotique qui nous content les aventures mythologiques de créatures sexy dans des mondes parallèles. Entre baroque, sorcellerie, jeux vidéo et réseaux sociaux, partout des corps se séduisent, s’approchent et se mangent les uns les autres dans un cannibalisme des émotions. Le travail de Thomas puise aussi aux mondes intérieurs et utilise le journal intime comme un grimoire dans lequel l’artiste collectionne les objets autant que les obsessions. Encore une fois, c’est sexuel et sorcier, on pourrait y croiser des cheveux, des poils, des dents, on sent que les pages de ces carnets ont été touchées, qu’il reste dessus les tâches de sueur de celui qui les a manipulées, ordonnées, cornées, scotchées. C’est irrégulier et gracieux à la fois. Disposés en offrande sur un socle, ils entourent à ses pieds l’icône d’une jeunesse et d’une contre-culture éternelle. Comme un monument à l’adolescence, Farewell Youth tire sa révérence tout en louant l’inéluctabilité du temps qui passe.

Les oeuvres ici sont presque performatives en ce qu’elles saisissent des moments de basculement : se confier, éprouver, jouir, dévorer, attendre, apparaître. Les artistes nous parlent de ces zones de passage, de la transition comme événement. Car dans ce relationnel, il y a l’autre, mais il y a aussi le vivant, le réel. Les sculptures de Matthieu jouent sur les stéréotypes de représentations. S’y croisent dans les formes et les références le domestique, l’urbain et le fantastique toujours pour y défaire les fictions communes. L’épée ici est en bois et un serpent se cache dans le tiroir de la table de chevet à la place des histoires qu’on lit pour s’endormir. Ses pièces sont aussi une évocation de l’ennui et de notre angoisse de l’invisibilité. « J’ai beaucoup d’empathie pour ceux qui font partie d’autre chose, qui ne sont pas toujours en quête de bâtir leur nom ou leur entreprise, mais qui participent anonymement à la grande machine collective et sont heureux de ça », m’a-t-il dit un jour.

Je n’ai jamais rencontré Antoine en personne. Plusieurs fois, j’ai traversé son travail par des flux d’images et de textes. J’en ai fait l’expérience physique dans des expositions. Je sais que sa dernière série imprimée en trompe l’oeil nous parlent d’habitudes visuelles. Par une manipulation presque enfantine, il bouleverse le lien que nous avons à l’image. L’illusion est réelle. Elle est physique également et c’est ça précisément qui est important pour lui. Il faut être là, en vrai, et tourner autour de la pièce pour comprendre ce à quoi on à affaire. L’oeuvre résiste à l’immobilisme comme à la documentation. Je sais qu’il a de l’humour aussi. Comme ce cul magistral en plâtre et en résine gisant dans l’espace comme un trophée, jubilatoire explosion de symboles au milieu du reste : le masculin, le féminin, le pouvoir, la domination, la danse, la tradition, l’érotisme, le métissage, la culture urbaine, l’appropriation, autant de représentations communes qui nous viennent en tête et qu’on a envie de chasser car on les sait fabriquées de toutes pièces, empruntées, réductrices, normées, volées. C’est aussi ce que porte l’épée dans le travail de Matthieu. Drôle et inoffensive, elle formule le souhait de se réconcilier avec le fait d’être un garçon, ou ce que l’on attend du fait d’être un garçon. Planter l’épée et faire la paix avec la violence du jeu qui va avec.

– Elisa Rigoulet