0 ∞ 21
Cecilia Granara

Exo Exo, Paris
March 10 - April 3, 2021

press release


0 ∞ 21, Cecilia Granara, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

0 ∞ 21, Cecilia Granara, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

0 ∞ 21, Cecilia Granara, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

0 ∞ 21, Cecilia Granara, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

0 ∞ 21, Cecilia Granara, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

0 ∞ 21, Cecilia Granara, 2021
Exhibition view, Exo Exo, Paris

Cecilia Granara, 0, 2021
Raw pigments and acrylic on canvas
900 x 300 cm
Inquire

Cecilia Granara, 0, detail, 2021
Raw pigments and acrylic on canvas
900 x 300 cm
Inquire

Cecilia Granara, 0, detail, 2021
Raw pigments and acrylic on canvas
900 x 300 cm
Inquire

Cecilia Granara, Due Farfalle, 2020
Mixed media on canvas
200 x 110 cm
Inquire

Cecilia Granara, Due Farfalle II, 2020
Mixed media on canvas
200 x 110 cm
Inquire

Cecilia Granara, Coming apart/ into pieces / is beautiful/ and painful, 2020
Mixed media on canvas
200 x 170 cm
Inquire


Pendant des siècles, à l’extérieur des galeries, avant la naissance des musées et loin des ateliers d’artistes, il y a eu des lieux cachés et éphémères où les hommes et les femmes allaient en secret pour avoir une rencontre privée avec des images. Ces images n’étaient pas un support pour une expérience purement esthétique : elle ne devait pas susciter des sentiments de plaisir ou de dégoût. Elles n’étaient pas non plus une cartographie du monde ou un miroir du du spectateur. Elles étaient plutôt un espace de convergence entre plusieurs forces cosmiques. La rencontre avec ces images ne servait pas seulement à raconter le présent où à rendre intelligible le futur. Elles devaient, au contraire, rendre possible une transformation conjointe et simultanée des sujets qui les contemplaient ainsi que du monde dans lequel elles et ils se trouvaient. Ces images étaient à la fois les agents et le lieu d’une métamorphose dont personne en dehors d’elles semblait avoir la clé, même pas les sacerdoces qui officiaient ces rencontres. Les noms que ces images ont acquis dans le temps ont changé avec le temps, ainsi que les techniques et les styles de leur production. Et pourtant, si nous continuons à chercher des images, à les chérir, à les accumuler autour de nous, c’est pour pouvoir revivre un jour cette expérience inouïe, qui nous permet pour un instant de coïncider avec les forces dont les images sont à la fois les véhicules, les passeurs et la représentation.

Toute l'œuvre de Cecilia Granara vise à faire de la peinture le nouvel art de ces images métamorphiques qui arrivent à la fois à rendre présent le monde en tant que force de transformation. Il s’agit de sortir de la tradition esthétique qui a rendu impuissantes et inertes les images et leur restituer leur force. La couleur dans ses tableaux cesse d’être le symptôme d’une compatibilité esthétique des formes pour se faire symptôme de leur énergie. Le monde y est convoqué non pas sous l’aspect ordinaire, mais en tant que papillon, en tant que vie qui traverse une métamorphose : c’est moins le reflet de ce qui entoure le tableau que la préfiguration de son destin. Et c’est l’exposition elle-même change de forme : elle devient une corps féminin qui, à travers la rencontre de la vie avec son image, enfante des corps qui se sont libérés de toute souffrance.

– Emanuele Coccia